Festival Bleu Paris 2025 : une édition captivante entre rires et émotions

Publié le 5 mars 2025 à 21:08

Le Festival Bleu Paris a une nouvelle fois conquis les cinéphiles lors de sa troisième édition, qui s’est tenue le 1er mars 2025 au Cinéma l’Arlequin, à Paris. Créé par l’artiste-peintre Modka, cet événement met à l’honneur des courts-métrages où cette teinte occupe une place centrale. Entre découvertes, rencontres et récompenses, retour sur une journée rythmée par le talent et la créativité.

 

C’était une journée à ne pas manquer. Ce samedi 1er mars 2025 s’est déroulée la troisième édition du Festival Bleu Paris au Cinéma l’Arlequin, dans le sixième arrondissement de Paris. Un événement cinématographique international unique qui se tient chaque année depuis 2023 à l’initiative de l’artiste-peintre Modka. Les spectateurs sont ainsi invités à découvrir des courts-métrages récents d’amateurs ou de professionnels dans lesquels le bleu a une place centrale. Cette année, dix-neuf ont été sélectionnés sur 128 soumis. Huit d’entre eux ont été présentés à dix heures lors d’une projection matinale. Les visiteurs ont notamment voyagé sur une petite île bretonne où la relation entre un père et son fils se complique après le décès de la mère du petit garçon, dans L’Enfant et l'amarre de Valentin O'Quin avec la participation de Victor Belmondo.

De son côté, Guillaume Rieu dévoilait son premier film sur son père, un poissonnier itinérant, dans Fais chier Guillaume !, tandis que Valentin Coste et Florent Beaudot amusaient avec leur comédie SELFTAPE, où un acteur doit se mettre en scène pour répondre à une audition pour un film du réalisateur de ses rêves. Mais tout ne se passera pas comme prévu et cette vidéo qui devait initialement être tournée avec un téléphone se transformera en une véritable production.

Des comédies et des drames marquants

La deuxième partie de cette plongée dans le bleu a eu lieu en début de soirée, à 19h30, toujours dans ce lieu classé art et essai. Contrairement aux œuvres diffusées plus tôt, onze nouveaux courts-métrages pouvaient prétendre à deux distinctions : le Prix du Public et le Prix du Jury, composé d’Antoine Gaudin, professeur en études cinématographiques à la Sorbonne Nouvelle, Lenice Pereira Badosa, docteure en cinéma et autrice d’une thèse sur l’utilisation de la couleur dans le cinéma, Françoise Noyon, directrice de la photographie et membre de la Commission supérieure technique de l’image et du son (CST), Garance Cosimano, co-fondatrice et productrice chez No Yelling! Production, et Clélia Chemin, créatrice de contenus sur le septième art et réalisatrice.

 

Dans la salle trois du cinéma parisien, où les 98 places avaient toutes trouvé preneuses, le public a fait la rencontre de Maelis, une nageuse professionnelle, qui s’entraîne sans relâche pour une compétition imminente, dans Trois minutes de Valentine Semadeni. Mais l’athlète de 23 ans est petit à petit rattrapée par ses démons. “Je suis hyper contente d’être là ce soir”, a confié la cinéaste sur la scène où tous les réalisateurs présents étaient invités à parler de leur film après la projection et répondre aux questions des spectateurs. “J’ai toujours été très proche de l’eau”, confiait-elle avant d’expliquer qu’elle avait voulu véhiculer les émotions à travers cet élément qui n’est pas très montré au cinéma.

 

Le Festival Bleu Paris étant aussi une invitation au voyage, les cinéphiles ont également été transportés à Tripoli, au Liban, à la frontière syrienne, avec Notre Méditerranée de Chérine Yazbeck qui dresse le portrait d’un pêcheur rencontré par hasard. Son fils, Chadi Bosquin, assistant réalisateur, était présent pour en dire plus : ce documentaire de près de neuf minutes met en avant les conditions de vie désastreuses de ceux qui pratiquent ce métier. Il s’agissait aussi d’alerter sur l’état de cette mer, “la plus belle du monde” selon sa mère, mais qui se retrouve polluée par l’action humaine.

 

Place ensuite à Tédou de Juliette Gangl, un clip de 3 minutes 40 réalisé en stop motion où un homme, dont la figurine a été faite entièrement à la main, prend la mer sur le single du même nom du musicien MartinMartin. Autre thème abordé dans cette sélection, celui du suicide et de la pression scolaire dans J’en suis capable : “C’est mon premier festival. J’ai adoré tous vos films et vos rapports avec le bleu”, a salué Arthur Le Ray qui a utilisé cette couleur pour apaiser malgré la gravité de son propos. Son confrère, Thibault Delacoste, a lui aussi voulu parler du deuil et de la maltraitance infantile avec Anatole. Inspiré des livres de Roald Dahl et de Ma vie de Courgette de Claude Barras (2016), l’artiste a choisi de construire son film “comme un conte” et sans aucune parole.

 

Deux comédies plus légères ont également plu à l’assistance : Arrêt sur image de Melchior Delpech et Eros Immo de Victor Besvel. “Le film vient de mon maniérisme un peu fou de regarder un film”, racontait le premier d’entre eux lorsque les lumières se rallumaient dans la salle. L’intrigue de son court-métrage, un couple en crise qui regarde Domicile conjugal de François Truffaut, est ainsi fréquemment mise sur pause et entrecoupée de bruits de pop-corn dans une mise en abyme avec les habitudes qui le dérangent lorsqu’il visionne un long-métrage. “Le but était de prendre le spectateur entre le bleu, le froid d’une relation qui se meurt, et le rouge, qui représentait la relation fantasmée”, justifiait-il encore.

 

Thibault Delacoste, vainqueur du Prix Bleu

 

Les cinq professionnels du cinéma, eux, ont décidé de récompenser Anatole de Thibault Delacoste et “la très grande sensibilité qui s’en dégage”. “En vingt minutes, il a réussi à raconter une histoire complexe sans utiliser la parole. On se met à hauteur d’enfant”, a détaillé l’influenceuse. “Merci beaucoup, a confié le principal intéressé. Se construire sur un deuil, ce n’est pas facile. Ce film m’a permis de me reconstruire. J’ai passé une très bonne soirée. Merci au festival, a-t-il conclu. Rendez-vous l’année prochaine pour une quatrième édition. Nul doute qu’une fois encore, la magie du bleu opérera de nouveau !

 

Rédigé par Nastassia Dobremez

Photos Brian Downie

Le palmarès : entre surprise et émotion

 

Pour sa part, Victor Besvel a ravi l’auditoire, hilare, avec l’histoire loufoque d’un agent immobilier qui s’investit corps et âme pour que ses clients ne trouvent pas seulement l’appartement de leur rêve mais aussi leur âme sœur. “Tout est parti d’un décor qui allait bientôt ne plus être disponible et qui m’a inspiré le scénario”, dévoilait-il sur scène. Puis son acteur principal, Luc Guiol, a apporté ses idées. “Le film s’est fait pendant le tournage et l’écriture”.

 

Après le visionnage de ces onze courts-métrages et cette séance de questions / réponses, les spectateurs ont tous pu voter pour leurs trois coups de cœur de la soirée. Après le film d’Hugo Roblin, Les Inconsolables, sacré en 2024, le public a choisi d’élire Eros Immo. “Je vais pleurer en cachette. Merci à tous d’avoir regardé nos films. C’est très important pour nous”, a réagi Victor Besvel à l’annonce de sa victoire. Quelques minutes plus tard, Françoise Noyon et Clélia Chemin, qui représentaient le jury, ont été invitées à monter sur scène pour dévoiler leur verdict.

Victor Besvel, vainqueur du Prix du Public

L'équipe bénévole et Monah Maucouvert, fondatrice du festival (3e en partant de la droite)

Animation musicale par Santiago Ruiz Ortiz

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